J’étais en train de terminer mon second blogue sur la pérennité de l’événement théâtral, et m’apprêtais à voir Les Justes au CNA, quand est tombée la nouvelle de la nomination de Brigitte Haentjens au poste de directrice artistique du Théâtre français du Centre national des arts. Et c’est une excellente nouvelle!
J’ai déjà dit tout le mal que je pensais, non pas de M. Wajdi Mouawad, mais de la manière dont il concevait et remplissait son mandat de directeur artistique. Je n’y reviendrai donc pas. Je me contenterai de me réjouir qu’à partir de 2012 nous aurons une directrice artistique qui prendra sa tâche au sérieux et, si le passé est garant de l’avenir, réussira à reconnecter le Théâtre français du CNA avec son public. Après tout elle a réussi à le faire à Sudbury dans des conditions sans doute bien plus difficiles.
Dans les bulletins de nouvelles on a répété plusieurs fois qu’elle était la première femme à occuper ce poste. Fort bien. Cependant, dans l’entrevue qu’elle a accordé à Radio-Canada le 29 septembre, elle a dit espérer qu’il y avait d’autres raisons à avoir pesé dans la balance. Elle a raison. Lorsque trois des cinq compagnies de la région sont dirigées par des femmes, nous n’en sommes plus aux « premières ». De toute façon Brigitte Haentjens n’avait point besoin ce « point supplémentaire » dans la grille d’évaluation.
Le Théâtre français a une longue côte à remonter. J’ai mentionné le public, mais il y a aussi le milieu théâtral « local » qui se sentait ignoré par la « grande maison ». Certes, depuis la création du Centre national des arts, la dualité local/national a toujours été un dilemme presque insurmontable. Financé par le Parlement fédéral, le CNA a une vocation nationale et un public local. Si le bassin démographique de la région ne nécessite pas une telle entreprise, c’est tout de même les amateurs d’ici qui achètent l’immense majorité des billets. Or, jusqu’ici seul l’orchestre est arrivé à s’implanter et à faire partie intégrante de la communauté. Mais à quel prix! Les tentatives de troupes, tant du côté anglais que français, n’ont connu que des succès mitigés et éphémères.
En revanche, au cours des dernières décennies, une vraie vie théâtrale régionale s’est développée dans les deux langues, et dont la vitalité ne cesse de se manifester. Les départements de musique, et dans une certaine mesure de théâtre anglais, ont reconnu ce fait et ont essayé, avec plus ou moins de bonheur, à en tenir compte. Rien de tel du côté du théâtre français, en tout cas pas récemment. Brigitte Haentjens aura donc aussi à rebâtir les ponts en évitant, d’une part, de phagocyter les forces vives de la région et, d’autre part, de leur faire une compétition déloyale. Mais elle est intelligente et elle connaît déjà presque tout le monde.
Je salue donc avec enthousiasme l’arrivée de cette femme de théâtre de grand talent. Bienvenue, Madame la directrice désignée!
jeudi 30 septembre 2010
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