Le texte ci-dessous a été publié dans Le Droit le 13
juillet 2007, c’est-à-dire six ans avant que l’interdiction imposée par les
autorités françaises ne fasse de Dieudonné une personnalité quasi
internationale. Je l’écrirais encore dans sa forme actuelle car je continue à
penser que, dans une démocratie, la censure est une arme à la fois dangereuse
et inefficace.
Dangereuse par sa conception qui va à l’encontre de la
liberté d’expression et ouvre la porte à tous les abus, inefficace par son
incapacité, en cette occurrence, à empêcher des dizaines de milliers de
personnes à répercuter les paroles et les gestes, comme l’ignoble
« quenelle », du personnage censuré.
Parallèlement, je revendique, aujourd'hui comme hier, le droit de manifester
aussi bruyamment que possible contre de tels spectacles. Quant aux autorités
françaises, elles semblent enfin prendre le bon chemin en s’attaquant au
portefeuille plutôt louche de ce triste sire. Après tout, Al Capone n’a pu être
condamné que pour évasion fiscale.
31 juillet 2007
À l'opposé de la France, nos élus
appuient Dieudonné
Dieudonné vient de présenter son spectacle Best of dans le cadre du «Grand Rire» de
Gatineau, un festival soutenu par des entreprises privées, subventionné par
deux paliers gouvernementaux, Québec et la Ville de Gatineau, auxquels
s'ajoutent la Société Radio-Canada et la Société de transport de l'Outaouais.
«Personnage largement médiatisé, en partie à cause des 23
procès qu'il a subis, entre autres, pour antisémitisme...», peut-on lire dans
Le Droit (La crème brûlante de Dieudonné,
30 juin). C'est peu, bien peu. Dieudonné n'est pas le genre d'humoriste à se
cacher derrière une blague juive par-ci par-là. Il dit vraiment ce qu'il pense,
comme par exemple le 16 février 2005 à Alger lorsqu'il associait la manière de
se remémorer la Shoah (Holocauste) à la «pornographie mémorielle». Il a aussi
sa hiérarchie de valeurs. Ben Laden lui inspire le respect. C'est un point de
vue que les familles de nos militaires et celles des victimes canadiennes du 11
septembre 2001 apprécieront !
Dieudonné est aussi un personnage politique. Il aurait
voulu se présenter aux élections présidentielles françaises. Faute de
recueillir les signatures nécessaires, il a offert son soutien à José Bovet qui
l'a refusé. Alors, mouvement naturel, il est allé s'offrir au Front national de
Jean-Marie Le Pen, qui l'a accueilli les bras ouverts à la fête du parti
xénophobe d'extrême droite. Mieux, il a envoyé une forte délégation de son
parti au Zénith de Paris pour applaudir Dieudonné. On est entre gens du monde,
du même monde !
Celles et ceux qui veulent en savoir plus sur Dieudonné
n'ont qu'à naviguer un petit quart d'heure sur la Toile. Ils en auront assez
pour leur peine, même avec un estomac solide.
Alors, faut-il interdire Dieudonné ? Certainement pas !
Pas de censure ! Les lois sur la liberté d'expression existent pour protéger
les opinions minoritaires, impopulaires, choquantes, voire scandaleuses. Quant
à moi, Dieudonné peut jouer et parler où bon lui semble et je souhaite à ses
spectateurs une bonne soirée en sa compagnie.
En revanche, le corollaire de la liberté d'expression est
la liberté de réaction. On peut rejeter ou soutenir, s'opposer ou s'écraser. Je
suis donc quelque peu surpris que des entreprises privées ne se renseignent pas
d'avantage avant de s'associer à tel ou tel événement dit culturel. Leurs noms
se trouvent au site du Grand Rire. Actionnaires et clients apprécieront.
La Société Radio-Canada est indépendante et dépense son
milliard annuel de subvention à sa guise. Lorsqu'il s'agissait de fermer une
radio privée concurrente de Québec, les animateurs et journalistes de la société
d'État ne parlaient que de «radio poubelle». Aujourd'hui Radio-Canada soutient
Dieudonné, ne serait-ce qu'indirectement. Ça doit être une question de
perspective. Auditeurs et contribuables apprécieront.
Pendant que des maires de France font des pieds et des
mains pour empêcher cet «humoriste» de salir les scènes de leurs cités, nos
gouvernants provinciaux et municipaux, non contents de l'accueillir, le
subventionnent. L'électeur, que je suis, appréciera !
Au cours des derniers mois, des centaines de textes ont
été publiés sur ce sujet véhiculant des opinions très diverses. Bernard-Henri
Lévy, entre autres, est d’un avis fort différent du mien (qu’il ignore sans
doute J). Voici le
lien pour son article :
http://www.lepoint.fr/editos-du-point/bernard-henri-levy/pour-en-finir-provisoirement-avec-l-affaire-dieudonne-16-01-2014-1780757_69.php
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