À deux-tiers de la campagne des élections
québécoises 2014 on peut certainement affirmer que, l’événement le plus
marquant aura été l’entrée en politique de Pierre Karl Péladeau ou KPK. Plus
encore que le fait de se porter candidat pour le Parti québécois, c’est son
poing levé accompagnant les derniers mots de sa déclaration : « [f]aire du
Québec un pays !» qui a changé l’orientation de la campagne.
Quelle qu’ait été la
motivation de PKP de lever le poing pour dire une phrase somme toute normale
pour un candidat péquiste, je suis loin d’être sûr qu’il ait mesuré la portée
de son geste hautement performatif. Comme l’écrit Ervin Goffman, le grand
sociologue,
[t] he incapacity of the
ordinary individual to formulate in advance the movements of his eyes or body
does not mean that he will express himself through theses devices in a way that
is dramatized and pre-performed in his repertoire of actions. In short we act
better than we know. (The Presentation of Self in everyday Life, 1959)
Ces gestes performatifs, dont De Gaulle était un maître incontesté,
balaient tout sur leur passage. Des
milliers de pages de stratégie électorale sont devenues caduques en quelques
secondes car personne, pas même le professionnel de la scène qui met en scène la
campagne de Mme Marois, n’avaient prévu l’effet du geste.
Pourtant, le théâtre contemporain est de plus en plus porté sur le
geste, la performance, le performatif. C’est ici que le paradoxe devient intéressant.
Une partie importante des spectacles de performance repose sur le désir de
l’aléatoire, qui est souvent difficilement atteignable au théâtre. En revanche,
il arrive que «the ordinary individual» dont parle Goffman y arrive et obtienne
le résultat diamétralement opposé à son intention.
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